Seul en tête dans les rues de San Sebastian samedi après-midi, Philippe Gilbert s’est bien retourné pour apercevoir ses poursuivants dans la dernière ligne droite mais il n’a rien vu : tous ses rivaux étaient trop loin, impuissants face à ses accélérations tranchantes de puncheur qui ont encore créé un gouffre sur les routes basques. Le champion de Belgique a alors pris le temps de refermer tranquillement son maillot et de franchir la ligne en roue libre, avec le temps de contempler son nouvel exploit. Auteur du Grand Chelem des classiques ardennaises au printemps, premier Maillot Jaune du Tour de France après un coup de force au Mont des Alouettes, le Wallon aux cheveux décolorés roule toujours plus vite, plus fort que ses adversaires. Sur la Clasica, il a décroché le bouquet grâce à une attaque foudroyante à 4 km de la ligne qui a laissé sur place les autres favoris comme Samuel Sanchez ou Frank Schleck. A l’arrivée, 12 secondes d’avance pour Gilbert sur Carlos Barredo (Rabobank) et Greg Van Avermaet (BMC) qui a réglé au sprint le groupe des battus. Un gouffre entre le coureur le plus convoité de l’année et le reste du peloton.
Troisième du Tour de France, Frank Schleck prend la 6e place. Le champion de France Sylvain Chavanel, 18e, est le meilleur Français du jour.
La victoire de Philippe Gilbert à San Sebastian n’est que le prolongement de sa série unique du printemps où le Belge avait des jambes de feu et un coéquipier en or. Toujours bien placé dans les 50 derniers kilomètres, il a suivi de près les attaques de Samuel Sanchez dans le col du Jaizkibel, la grande difficulté du parcours, puis a envoyé son coéquipier Jelle Vanendert éteindre l’offensive de Stijn Devolder à 20 km de la ligne. Après le regroupement d’une dizaine de favoris au sommet de l’Alto Arkale, dernière côte répertoriée à 15 bornes de l’arrivée, il a continué à faire rouler le vainqueur du Plateau de Beille pour neutraliser une tentative de Barredo puis pour durcir la course. C’est au moment où Vanendert s’est relevé les cuisses cramées par l’effort que Philippe Gilbert a lancé l’attaque fatale à 4 km de l’arrivée. Sous la flamme rouge, la concurrence était déjà découragée et la fin du parcours près de la baie de San Sebastian a accueilli la parade du puncheur de l’année.
A. T.-C.