Fabian Cancellara va devoir casser sa routine du Tour. « D’habitude, c’est prologue et une petite semaine en Jaune », résume le Suisse, qui a pris la tête du classement général au terme du premier jour de course quatre fois lors des six dernières éditions. Comme en 2007, Christian Prudhomme et la direction de la Grande Boucle ont en effet choisi de lancer l’épreuve par une étape en ligne, longue de 191,5 km entre la sortie du passage du Gois et le Mont des Alouettes. Une étape de plaine à travers la Vendée qui, certes, évite au départ la route submersible qui avait coûté les ambitions d’Alex Zulle en 1999, mais qui promet un final assez incertain, avec une arrivée au sommet du Mont des Alouettes - une montée de 2.200 m à 4,7 %-, qui permet à tous les coureurs ou presque de s’imaginer en Jaune. Ni franche ascension ni sprint plat, cette arrivée est ouverte à tous les ambitieux.
Le premier d’entre eux est évidemment Philippe Gilbert, le Novak Djokovic du peloton : invincible ou presque depuis avril (Flèche Brabançonne, Amstel Gold Race, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Belgique, Ster Toer et championnat de Belgique gagnés d’affilée), le leader d’Omega-Pharma débarque pour enfin gagner une étape et revêtir le Maillot Jaune grâce à son punch unique. « L’arrivée n’est pas si dure que cela, prévient-il. Je ne serai pas le grand favori. » Et de citer une série de favoris où se mêlent le champion du monde Thor Hushovd, des puncheurs comme Edvald Boasson Hagen ou des rouleurs comme Fabian Cancellara, voire des leaders comme Andy Schleck. « Philippe Gilbert aura les trois quarts du peloton sur le dos, estime Samuel Dumoulin (Cofidis). Les autres essaieront d’anticiper son sprint. » Un scénario que n’écarte pas Cancellara, qui a bien noté dans le roadbook les 8 rond-points dans les six derniers kilomètres qui pourraient éparpiller le peloton.
A l’orée d’une première semaine où les organisateurs ont semé les difficultés dans le final pour varier les scénarios, les sprinteurs ne désespèrent pas de tirer leur épingle du jeu. Si le nom du champion du monde Thor Hushovd se murmure comme une évidence, la machine à lancer les sprints HTC-Columbia pourrait déjà sortir sa deuxième flèche, Matthew Goss, vainqueur de Milan - San Remo, et poser auparavant Mark Cavendish sur la voie du Maillot Vert. La nouvelle attribution des points, avec un seul sprint intermédiaire par étape avec des points pour 15 coureurs, annonce un scénario incertain. « C’est notre première course dans cette configuration. Ce sera un deuxième sprint massif dans l’étape, estime Mark Renshaw (HTC). Ce sera plus dur pour nous mais plus sympa pour les spectateurs. » Assurément plus incertain.
A. T.-C., aux Herbiers