VELO CLUB DE CLAMECY UFOLEP

Sylvain Chavanel était au-dessus du lot

mardi 28 juin 2011.

« Un véritable numéro »

D’après notre expert Jean-François Bernard, Sylvain Chavanel était au-dessus du lot dimanche lors du championnat de France. Mais pas de quoi penser au général du Tour de France : plutôt se tourner vers le maillot à pois.
« C'est un beau vainqueur » juge Jean-François Bernard.(EQ)
« C’est un beau vainqueur » juge Jean-François Bernard.(EQ)

Voeckler a-t-il commis une erreur tactique ou était-il tout simplement moins fort que Chavanel (Onorcétélécoron59) ? L’équipe Europcar a-t-elle commis une erreur ce dimanche (pilou88) ?
Il n’y a pas eu d’erreur tactique de la part de Voeckler, lui-même le dit, il était un peu moins frais que Chavanel. Sur les courses d’un jour c’est simple, ça marche ou ça ne marche pas ! Chavanel est en tout cas un beau vainqueur, il a fait un véritable numéro. Il a gagné alors qu’il faisait parti des favoris et ça, ce n’est jamais évident. Et en plus il a battu de grosses écuries, qui se sont surveillées entre elles. Parfois les équipes se marquent entre elles en se disant qu’elles peuvent justement jouer la gagne, qu’il vaut mieux essayer de se neutraliser. Et quand on tombe sur un Chavanel, ça ne pardonne pas... J’avais connu ça en 1991 : lorsqu’Armand de la Cuevas l’avait emporté, on n’était que trois de Reynolds-Banesto au départ.

Un commentaire sur la performance d’Anthony Roux (FDJ), deuxième dimanche ? Quel type de coureur peut il devenir (dekker21) ?
Il a peut-être laissé passer sa chance hier (dimanche, ndlr). Je crois que c’est l’expérience et le métier qui lui ont manqués. Pourtant je n’aurais pas été étonné qu’il gagne ce championnat : il a joliment remporté le Circuit de la Sarthe par exemple. C’est un bon baroudeur, un bon finisseur et il peut aller relativement vite dans un groupe de deux ou trois. Et je ne serais pas étonné qu’on le revoie sur le Tour.

Pour Sylvain Chavanel, à 32 ans et vu sa forme et ses résultats, est-ce le bon moment pour tenter un top 10 au Tour de France (xaiv09) ? Malgré son état de fatigue évident, Sylvain peut-il espérer remporter la première étape, celle du Mont des Alouettes, et concurrencer Gilbert et consorts (toinoz09) ?
Pour le général non... Il a axé sa préparation dans la montagne mais, au mieux, il pourra faire dans les quinze. Parce qu’il suffit qu’il prenne un ticket dans la montagne et il pourrait perdre trente minutes. Je serais lui, je ne me focaliserais pas sur le général, mais plutôt sur une ou deux étapes. Et peut-être que le maillot à pois peut devenir un objectif. Après tout, Laurent Jalabert l’a bien remporté alors qu’il n’était pas un pur grimpeur. Quant au Mont des Alouettes, il pourrait oui, mais il n’est pas le seul. Il y en a d’autres, à commencer par Philippe Gilbert dont je fais mon favori. Je pense que Gilbert a dans l’idée de prendre le maillot jaune à cet endroit.

Que manque-t-il aux Français, que les Belges ou les Luxembourgeois ont, pour remporter une grande classique, un grand Tour ou un Championnat du monde (Triche85) ?
Je crois vraiment qu’il ne manque pas grand-chose. La victoire, ça ne tient à rien. Ça tient d’abord à la culture de la gagne et je crois que nos têtes d’affiche françaises, Chavanel, Voeckler, Fédrigo et j’en oublie, l’ont. Cette année sur le Tour des Flandres, Chavanel fait deux et n’a vraiment pas été loin. Et puis il suffit, je crois, qu’un Français gagne un grand truc pour que ça se suive. A mon époque, Jacky Durand a commencé par gagner le Tour des Flandres (1992), puis Duclos-Lassalle avait fait deux (1995), moi je fais trois de Liège-Bastogne-Liège (1992) et Guesdon avait gagné Paris-Roubaix (1997). La donne a déjà changé : il y a quelques années, on se plaignait que les Français ne gagnaient plus d’étape sur le Tour... Maintenant il ne manque qu’un coup de chance, un coup de pouce. Et pourquoi pas un champion du monde français cette année ?

Jean-François Bernard


L’EXPERT
 

Jean-François Bernard

Jean-François Bernard a écrit les plus belles pages de sa carrière sur les routes du Tour de France. Troisième au classement général et porteur du Maillot Jaune en 1987, il a terminé trois autres fois dans les 20 premiers de l’épreuve reine du cyclisme mondial. En 1992, il réalise sa plus belle saison en remportant Paris-Nice, le Critérium International, le Circuit de la Sarthe et la Polynormande et finit troisième de Liège-Bastogne-Liège.


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