Eddy Merckx n’a jamais eu la langue dans sa poche. Même quand des « gens (lui) crachaient à la figure » en pleine bagarre Jacques Anquetil sur les routes du Tour de France, « ça renforçait (sa) rage et (sa) motivation », dit-il aujourd’hui. Bien des années plus tard, le Cannibale n’a pas changé. Toujours aussi passionné par son sport, il porte un regard sans concession sur ceux qui le font, et notamment sur le « controversé » Alberto Contador.
Malgré la démonstration de l’Espagnol sur le dernier Giro, Merckx n’a « pas apprécié qu’il brade de grandes étapes comme il l’a fait ». « Ce n’est pas très sain ni respectueux du public, estime-t-il. Un grand champion se doit de courir avec plus de panache. Armstrong a toujours regretté d’avoir laissé gagner (Marco) Pantani sur le Ventoux (lors du Tour 2000). Ça n’était pas utile. Comme on dit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Selon lui, « il arrive toujours un moment où un coureur ressent l’envie de soigner sa popularité auprès du public, surtout s’il a été discuté, ce qui est son cas. J’ai connu ça en 1975 et plus encore en 1971, quand tout le monde espérait la victoire d’Ocaña », se souvient-il.
« Cette histoire de bifteck au clenbutérol ne m’a jamais convaincu. »
La différence cette fois, c’est que Contador « traîne derrière lui un curieux hiatus ». « Ce qui me dérange dans son histoire, c’est sa défense. Cette histoire de bifteck au clenbutérol ne m’a jamais convaincu, poursuit Merckx. S’il en avait mangé, ses équipiers auraient été forcément contaminés eux aussi ». Malgré l’affaire, Contador sera bien présent au départ de la Grande Boucle. Et qui pourra cette année encore l’empêcher de gagner ? « Bien des choses peuvent lui compliquer la vie, la faiblesse de son équipe, ses rivaux qui seront différents, plus forts, plus nombreux qu’au Giro et mieux organisés », annonce le spécialiste. Une chose est sûre, si les deux hommes avaient couru à la même époque, « le Merckx de 1969 n’aurait pas eu peur de Contador ». Bien au contraire, il l’aurait « rendu fou ».
Retrouvez l’intégralité de l’entretien d’Eddy Merckx lundi dans L’Equipe.