A chaque nouvelle saison, une nouvelle Dream Team annoncée ou crainte. En 2010, le discours révolutionnaire de Sky et le budget de l’équipe britannique n’avaient pas bouleversé le palmarès. Depuis l’automne et la succession du nom des recrues, la formation Leopard avait fait craindre l’émergence d’une équipe surpuissante, capable de gagner sur tous les terrains. Après le premier tiers de la saison, le groupe du manager Bryan Nygaard occupe bien la première place du World Tour, devant RadioShack, Omega-Pharma et HTC. « Nous avons huit victoires avec quatre coureurs différents », tente le patron de l’équipe.
Huit succès mais aucun avec le prestige d’un Monument de la saison ou d’une classique. De Daniele Bennati à Frank Schleck, les coureurs de l’équipe luxembourgeoise ne sont jamais passés au travers d’une course mais souvent tout près de la victoire. Dans ce chapelet de podiums, les places d’honneur ne répondent pas toutes à la même logique : sur les classiques pavées dont il était le tenant du titre, Fabian Cancellara a été un leader bien esseulé, avec notamment un Stuart O’Grady très en retrait. D’autant plus que son statut d’ultra favori a concentré l’attention de tous ses rivaux qui ont semblé courir pour le faire perdre plus que pour le faire gagner. Contraint à une débauche d’efforts supplémentaires, le Suisse a impressionné par sa puissance mais n’a pu décrocher aucun bouquet.
Le doute sur la force collective de Leopard a été levé dans le triptyque ardennais même si la chute de Cancellara et de Frank Schleck lors de l’Amstel Gold a réduit l’éventail des stratégies de l’équipe. Lors de la Flèche Wallonne comme sur Liège-Bastogne-Liège, l’équipe n’a cessé de rouler en tête du peloton, pour éteindre les rêves des échappés et compliquer la vie des leaders. Contrairement aux premières classiques qui avaient sacré des outsiders, cette prise de responsabilités a offert un final réservé aux gros bras et placé les deux leaders, Frank et Andy Schleck dans les meilleures conditions. Dans le mur de Huy comme dans le final de Saint-Nicolas, les deux grimpeurs luxembourgeois ont été battus par plus forts que moi, Philippe Gilbert. Brian Nygaard préfère retenir « l’histoire d’une équipe extrêmement compétitive et polyvalente. » Pour le grand rendez-vous de l’année, le Tour de France, Leopard pourra compter sur l’union des forces entre tous ses leaders, avec Cancellara en équipier de luxe et les frères Schleck en prétendants au Maillot. Pas sûr que les dirigeants sourient alors d’un nouveau podium. - A. T.-C.
Milan - San Remo : Cancellara 2e
Gand - Wevelgem : Bennati 2e
Tour des Flandres : Cancellara 3e
Paris - Roubaix : Cancellara 2e
Amstel Gold Race : Fuglsang 4e
Flèche Wallonne : F. Schleck 7e
Liège-Bastogne-Liège : F. Schleck 2e, A. Schleck 3e