« C’est la classique avec les côtes les plus longues : au moins 1 km pour chaque montée et jusqu’à 4 km pour le col du Rosier. L’effort est prolongé par rapport aux monts des Flandres et même à ceux de l’Amstel. Ce n’est pas de la haute montagne, les puncheurs s’en sortent bien mais on voit débarquer les spécialistes de courses par étapes face aux spécialistes des classiques. Le parcours, très long (255 km) et sélectif, leur permet de jouer la victoire. La côte de la Redoute a une belle place dans la légende de la Doyenne mais elle devient moins décisive : elle est à 40 km de la ligne, il reste encore trop de difficultés pour que les favoris se découvrent. Il ne se passe pas grand chose. Certains coureurs peuvent attaquer en haut pour anticiper la bagarre mais ces dernières années, je l’ai montée dans un peloton groupé, presque arrêté parfois. A partir de ce moment, la course devient difficile à contrôler pour une équipe. Les favoris se retrouvent entre eux jusqu’à l’arrivée »
« La Roche aux Faucons, placée depuis quelques années dans le final de la course, est devenu l’endroit décisif, celui où peut se gagner et perdre la course. A moins de 25 km de l’arrivée, la montée fait 1,5 km à 9,5 % de pente moyenne, avec des passages assez raides et un revêtement qui rend assez mal avec des plaques de béton. On est en 39 x 21 voire 39 x 23. Une belle attaque comme celle d’Andy Schleck en 2009 peut créer des écarts. Sinon, un faux plat au sommet permet aux attaquants de tenter leur chance lors de la descente vers Liège. C’est l’occasion pour les équipes avec plusieurs leaders d’envoyer quelqu’un à l’avant. Astana avait bien joué le coup l’an dernier avec l’attaque de Vinokourov qui avait succédé aux efforts d’Alberto Contador. »
« On est dans les 10 derniers kilomètres : les jambes sont dures, les crampes surgissent. Les coureurs tournent moins les jambes à ce moment-là, la côte se monte en force. Le revêtement rend bien, la pente n’est pas la plus terrible (1,2 km à 8,3%). Au niveau du braquet, on ne met pas tout à gauche. Certains favoris passent même sur le grand plateau : de toute façon, chacun la monte comme il peut. En force, avec les réserves. Après, il y a un replat qui permet des regroupements avant l’arrivée qui est jugée en faux-plat montant. On retrouve souvent des petits groupes dans le dernier kilomètre, pour la gagne ou pour des places. On ne voit pas de sprint académique : les coureurs lèvent le cul pendant 50-100 m puis se rasseoient. Ce n’est pas le type d’arrivée où il faut se retrouver à la lutte avec Philippe Gilbert. » - Recueilli par A. T.-C.