Le printemps des sprinteurs

Non, ce n’est pas l’Assemblée générale annuelle des sprinteurs professionnels. Tout simplement Milan - San Remo, la première grande classique de la saison et sûrement la seule où les sprinteurs sont en position de force face aux puncheurs, aux mangeurs de pavés et aux grimpeurs. Ils ne sont effrayés ni par les 298 km du tracé entre Milan et la côte méditerranéenne qui forcent à passer plus de sept heures et demie sur la selle, ni par l’enchaînement Cipressa - Poggio dans les 20 derniers kilomètres, deux côtes - des capi en italien - qui peuvent se passer grand plateau en frottant des coudes comme lors de la préparation d’un sprint.

Certains leaders (Evans, Cunego, Basso) ne vont d’ailleurs même pas tenter leurs chances. Minimes mais réelles puisque trois échappés ont réussi leur coup lors de la dernière décennie : Bettini en 2002, Pozzato en 2006 et Cancellara en 2008. Après quelques accélérations tests lors de Tirreno-Adriatico, le Suisse se verrait bien retenter sa chance dans la descente si Philippe Gilbert, Michele Scarponi ou Vincenzo Nibali n’ont pas placé l’accélération que tout le monde guette dans les capi. Mais Oscar Freire, triple vainqueur de l’épreuve et tenant du titre, a tranché : « Je ne crois pas que quelqu’un puisse se détacher dans le Poggio, pas même Philippe Gilbert. »

Cavendish se cache, Garmin se montre

Départ à 09h20 (locale). Arrivée prévue vers 16h50.

Ils sont une majorité parmi les grosses cuisses du peloton à suivre le raisonnement de Freire. Vainqueur en 2009 alors qu’on le disait incapable de grimper un passage à niveau, Mark Cavendish est d’ailleurs de retour avec son train HTC (Eisel, Renshaw) après un Tirreno-Adriatico où il s’est fait tout petit, tout comme Tom Boonen, 2e l’an dernier mais affaibli par une grippe. Ancien coéquipier et rival du Britannique, Andre Greipel (Omega Pharma), le coureur qui a le plus levé les bras depuis deux ans, est également dans l’inconnu après une chute dès la première étape de la Course des Deux Mers.

La seule équipe qui a du mal à se cacher avant le départ, c’est la monstrueuse formation Garmin-Cervéloqui qui compte plus de leaders potentiels que d’équipiers dévoués. Le plus véloce de tous est évidemment l’Américain Tyler Farrar, vainqueur du premier sprint de Tirreno-Adriatico devant un peloton comparable quand il a été lancé par Thor Hushovd. Mais le champion du monde, dans une forme surprenante, n’a pas forcément envie de jouer les poissons-pilotes et s’avère plus à l’aise sur les profils casse-pattes. Sauf que leur coéquipier Heinrich Haussler, deuxième en 2009, ne serait pas contre une course débridée qui éliminerait les purs sprinteurs (dont ses coéquipiers) et lui laisserait les coudées franches. Heureusement pour Garmin-Cervélo : Jonathan Vaughters et les directeurs sportifs auront droit aux radios et aux oreillettes pour garder l’unité des troupes jusqu’à l’arrivée sur le littoral de San Remo.

- A. T.-C.