Martin, l’étoffe des grands

Tony Martin vainqueur de Paris-Nice, se pose en candidat pour les Grands Tours. (EQ)

HTC est une équipe gavée de victoires depuis trois saisons, accumulant les sprints victorieux par dizaines grâce à Cavendish et consorts (64 en 2010, 85 en 2009). Pourtant Tony Martin a reçu un flot rare de félicitations de l’encadrement de la formation américaine dimanche après sa victoire au classement général de Paris-Nice qui montre bien la portée de sa semaine de course. « Des victoires, nous en avons raflé un bon paquets, mais jamais de ce calibre, a expliqué le directeur sportif Allan Peiper. C’est aussi une étape majeure dans la carrière de Tony. » Après avoir misé sur Michael Rogers (vainqueur du Tour de Californie en 2010), HTC tient en Tony Martin un spécialiste de courses par étapes capable de rivaliser avec les meilleurs mondiaux : formidable rouleur, le vice-champion du monde 2009 du contre-la-montre a bâti sa victoire cette semaine en dominant le chrono de 27 km jeudi mais aussi en contrôlant ses rivaux des côtes de l’Ardèche au col d’Eze.

Même pas peur de Klöden et Wiggins

Face aux vieux routiers de RadioShack qui avaient encore trois hommes dans le peloton des favoris dimanche, à commencer par Andreas Klöden (2e à 0’’36), Tony Martin n’a jamais paniqué lors d’une dernière étape noyée par les averses : « Je craignais surtout l’accident, la chute, a-t-il expliqué. Devant, il y avait des coureurs dangereux devant mais mon équipe a bien roulé, on a été aidé par d’autres équipes Je crois que (Klöden et Wiggins) étaient contents de leurs places, ils savaient que j’étais capable de suivre. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils attaquent, je pensais à des offensives de coureurs plus éloignés au classement et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé. » Troisième du dernier Dauphiné, Tejay Van Garderen s’est ainsi montré un équipier précieux toute la semaine : « Il a chuté samedi avec Kosta (Siutsou) mais ils se sont encore livrés à 100 %, observe Peiper. Tejay avait déjà travaillé dur lors de la grosse étape de montagne. Les écarts qu’il avait créés avait fait une belle différence. » D’ici le Tour de France, Tony Martin devra finir de convaincre ses patrons de restructurer une équipe à gagner bâtie autour de Cavendish. - A. T.-C.

La vidéo à voir

Voeckler régale, Martin emballe

Thomas Voeckler finit Paris-Nice avec 2 victoires d’étape (Reuters)

Thomas Voeckler a signé un deuxième succès en s’adjugeant la 8^e et dernière étape de Paris-Nice sur la Promenade des Anglais. Tony Martin enlève le classement général.

par Florian Egly, le 13-03-2011

Thomas Voeckler confirme qu’il est bien dans la forme de sa vie. Et au passage qu’il est l’un des rares coureurs français sachant gagner. Déjà vainqueur en début de saison d’une étape du Tour Méditerranéen et du Tour du Haut-Var, puis de la 4^e étape à Belleville dans ce Paris-Nice, le champion de France a encore mis dans le mille ce dimanche. Avec l’expérience, le coureur de 31 ans a aussi appris à retenir les leçons du passé. Battu d’un boyau par Amaël Moinard sur la Promenade des Anglais en 2010, l’Alsacien a cette fois-ci choisi la solution en solitaire lors de la dernière étape de ce Paris-Nice.

Voeckler : « Mieux qu’un Top 10 »
A l’origine de la formation d’un groupe de 9 coureurs dans la première ascension du jour, Voeckler a d’abord accompagné le jeune Italien Diego Ullisi (Lampre) dans la montée du Col d’Eze, avant de le déposer dans la descente pour rallier seul la ligne d’arrivée. « Je n’ai commencé à penser à la victoire d’étape que sur la fin. Quand je me suis dit que ça pouvait le faire, j’ai attaqué dans la descente et j’ai pris de gros risques. Je pensais être trop vieux pour faire ce genre de choses ! En même temps, je me disais que c’était mieux d’attaquer de loin, en me rappelant de mon expérience au sprint l’année dernière », avoue le Français, qui repart de la Course au Soleil avec deux bouquets qui compensent sa 21^e place au général. « C’est génial de repartir avec deux victoires d’étape, je préfère cela à une 10ème place au classement général. C’est le vélo que j’aime, c’est grisant ».

Martin pas attaqué
A propos de général, la Course au Soleil, dont on devrait penser à lui trouver un autre surnom , a consacré pour la première fois Tony Martin. Déjà vainqueur du Tour de l’Algarve en février, l’Allemand n’a pas eu à subir les assauts de ses adversaires, malheureusement et comme cela était prévisible, restés totalement inactifs sur les routes trempées et glissantes de l’arrière-pays niçois. Seul Samuel Sanchez a tenté quelque chose dans le Col d’Eze. Une « audace » qui permet à l’Espagnol de déloger Jean-Christophe Péraud du Top 5. A la limite toute la journée, le coureur d’AG2R-La Mondiale termine malgré tout dans le groupe principal, qui a concédé 16 secondes au champion olympique. Avec une 6^e place finale, le vététiste se classe néanmoins premier Français, fait mieux que l’an passé (9^e) et se positionne de plus en plus clairement comme le seul Tricolore à pouvoir prétendre à un Top 10 à la régulière sur le Tour de France.

Classement de la 8^e étape :
1. Voeckler (Fra, Europcar) 3h15’58’’
2. Ulissi (Ita, Lampre) + 0’’23
3. El Farès (Fra, Cofidis) + 1’06’’
4. S. Sanchez (Esp, Euskaltel) m.t.
5. Lopez Garcia (Esp, Movistar) m.t.

Classement général final :
1. Martin (All, HTC-Highroad) en 34h03’37’’
2. Klöden (All, RadioShack) + 0’’36
3. Wiggins (GB, Sky) + 0’’41
4. Taaramae (Est, Cofidis) + 1’10’’
5. S. Sanchez (Esp, Euskaltel) + 1’13’’
6. Péraud (Fra, AG2R-La Mondiale) + 1’24’’