Vingt ans, le bel âge dit-on. Thibaut Pinot a plutôt choisi de mettre à profit son insouciance au service du vélo pour, un jour peut-être, voir son nom en haut de l’affiche. Remarqué chez les amateurs sur le sélectif Tour de la vallée d’Aoste, dont il est le plus jeune vainqueur à ce jour, et sur les pentes du redoutable Grand Colombier sur le Tour de l’Ain au mois d’août dernier, le natif de Mélisey sait que la route vers les cîmes est encore longue. « Je sais que j’ai un peu de pression mais je n’ai que 20 ans. Je franchis régulièrement des paliers mais je ne dois pas brûler les étapes », déclare le grimpeur de l’équipe FDJ.

La haute montagne, c’est justement le terrain de prédilection de Pinot. Son modèle ? Richard Virenque et ses échappées au long cours. « J’aime attaquer, partir de loin. C’est ce qui fait rêver. Quand la pente est dure, c’est là que je me sens le plus à l’aise ». Tout un état d’esprit pour celui qui représente avec Romain Sicard et Alexandre Géniez un possible renouveau pour le cyclisme français. « Les anciens nous disent que les courses sont plus accessibles qu’avant. Probablement à cause de la lutte contre le dopage », note-t-il. Le meilleur grimpeur du dernier Tour de Romandie veut également exploiter des terrains encore inconnus avant de pouvoir se fixer des objectifs précis.

Alors Pinot, futur vainqueur du Tour ? « Faut pas s’enflammer ! Je me laisse encore trois ou quatre ans pour savoir si j’en suis capable. Je crois qu’il faut d’abord que je gagne des grandes courses », ajoute celui qui commence déjà à travailler ses points faibles comme le contre-la-montre. Avant cette lointaine échéance, il sera sur les routes du Tour Méditerranéen. L’ascension du Mont Faron, en point d’orgue de la semaine, pourrait être un premier élément sur l’état de sa progression. « La stratégie n’est pas encore fixée. On peut jouer les étapes avec Yauheni (Hutarovich) mais aussi le général avec Rémy (Pauriol). Si je peux faire quelque chose au Faron, je ne m’en priverai pas », prévient-il. Car son but sera simple : aller tutoyer le sommet. Et à 20 ans rien n’est impossible. Yassine BEN RAJEB