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Les enjeux de l’affaire Contador

lundi 21 novembre 2011 par vcc ufolep
Les enjeux de l'affaire Contador
  
 

Les enjeux de l’affaire Contador

Lundi 21 novembre 2011 - 16:06

L’audience du Tribunal arbitral du sport (TAS) consacrée au cas du cycliste espagnol Alberto Contador a début ce mardi. Le clenbutérol est à l’honneur. Ce produit, retrouvé dans les urines de coureur lors de sa victoire sur le Tour de France 2010, a-t-il pu être transmis par une viande ? Si Contador, blanchi en première instance par sa fédération, devait sortir vainqueur de cette affaire, cette décision mettrait un terme au principe de la suspension d’office et c’est le procès de la chaîne alimentaire bovine qui pourrait s’ouvrir !

Alberto Contador, un pongiste allemand, cinq joueurs de football mexicains ainsi qu’une centaine d’internationaux juniors ont été récemment contrôlés positifs au clenbutérol, mais le coureur espagnol est le seul du lot à être poursuivi par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Ce médicament, utilisé normalement pour soigner les animaux, s’est retrouvé de façon récurrente dans l’actualité sportive ces derniers mois.

Avant les malheurs d’Alberto Contador post-Tour de France 2010, Dimitrij Ovtcharov, multiple champion d’Europe par équipe de tennis de table, avait été accusé de dopage à cet anabolisant à la suite d’un contrôle hors compétition. Comme la star du cyclisme espagnol, le pongiste allemand avait plaidé une contamination alimentaire, contractée lors d’un voyage en Chine, et s’en était sorti sans le moindre blâme de sa fédération.

Au printemps, cinq joueurs de l’équipe de football mexicaine ont été privés de la Gold Cup pour les mêmes raisons, avant d’être blanchis. Puis, pendant le Mondial des moins de 17 ans cet été au Mexique, la Fédération internationale de football (Fifa) a eu la surprise de voir que 109 joueurs sur les 208 engagés présentaient des traces de cet anabolisant.

Vu le nombre, la Fifa a compris qu’il ne s’agissait "pas de cas de dopage, mais d’un problème de santé publique" et pointé du doigt les méthodes d’éleveurs peu scrupuleux qui engraissent leur bétail à fortes doses de clenbutérol dans ce pays.

L’Agence mondiale antidopage a renoncé à demander des sanctions pour tous ces cas, sauf pour un : Alberto Contador. Pas convaincue de son innocence, elle a fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), tout comme l’Union cycliste internationale (UCI).

Le clenbutérol banni dans l’UE


Alors que plusieurs voient la reconnaissance d’un problème de santé publique comme un argument de poids en faveur du coureur, l’AMA a pris soin de rappeler que chaque affaire devait être traitée individuellement, histoire de ne pas offrir un bon d’excuse aux tricheurs.

Dans l’Union Européenne, l’utilisation de clenbutérol et autres bêta-agonistes à des fins damélioration du rendement animal est bannie depuis 1996. Ce qui n’est pas le cas partout.

"Au Mexique, il y a des gens qui essaient de faire de l’argent rapidement, en injectant des stéroïdes aux animaux. C’est dangereux et préjudiciable pour la santé", souligne David Howman, le directeur général de l’AMA.

Le clenbutérol n’est pas un produit anodin et bien qu’il soit étonnant de voir les problèmes sanitaires d’un pays révélés par la lutte antidopage, il s’agit surtout d’éviter qu’un simple repas conduise à deux ans de suspension.

"On ne peut pas contrôler cela. Pour nous, les gouvernements des pays concernés par ce problème -nous savons déjà pour le Mexique et nous pensons aussi à la Chine- doivent prendre leurs responsabilités et garantir aux athlètes qu’ils ne peuvent pas être contaminés par la nourriture", estime l’avocat néo-zélandais. "L’autre acteur concerné est l’industrie, qui doit contrôler ce qui se passe en terme de réglementations. En Europe, il y a une solide réglementation".

Pour mieux aider à départager cas de dopage et contaminations accidentelles, une équipe de scientifiques de la Fifa aidée par le Laboratoire antidopage de Lausanne a entrepris une étude sur le processus d’ingestion et d’élimination du clenbutérol dans le corps. Leurs premiers résultats devraient servir lors de l’examen du cas Contador cette semaine.

Près d’une vingtaine de juristes étaient réunis dans la salle d’audience du TAS sous la présidence de l’avocat israélien Efraim Barak. Ils ont ensuite pris la direction du Comité international olympique (CIO), toujours à Lausanne, afin de disposer d’une traduction simultanée pour continuer leurs travaux.

Le collège d’arbitrage est composé de trois membres. Me Barack est assisté du Suisse Quentin Byrne-Sutton, arbitre retenu par l’Union cycliste internationale (UCI) et l’Agence mondiale antidopage (AMA), et de l’Allemand Ulrich Haas, choisi par le camp espagnol bien qu’il ait été le président du tribunal ayant suspendu Alejandro Valverde (pour son implication dans l’affaire Puerto).

Contador, présent dès le premier jour d’audience, est entouré par ses avocats, l’Espagnol Andy Ramos, le Britannique Mike Morgan et, dernier renfort pour son équipe juridique, le Suisse Antonio Rigozzi, lequel a obtenu gain de cause devant le TAS dans plusieurs affaires.

Le coureur espagnol, qui est rentré la semaine passée de son voyage de noces, joue devant le tribunal d’arbitrage sa troisième victoire dans le Tour de France, obtenue en juillet 2010.

La décision finale est attendue pour le début de l’année 2012. Si Contador est sanctionné, il perdra sa victoire dans le Tour de France 2010 au profit du deuxième, le Luxembourgeois Andy Schleck.


Trois questions à Olivier Niggli, directeur juridique de l’AMA

Q : Alberto Contador a été contrôlé positif en juillet 2010, l’issue de l’affaire est attendue en janvier 2012. Est-ce une durée de procédure acceptable ?
R : "Malheureusement, il n’y a pas de règle dans ce domaine. Chaque affaire varie en fonction de la complexité du dossier, des demandes formulées par les avocats... Je dirais que c’est un délai beaucoup trop long, mais dans le cas d’espèce, je pense que c’était difficile de faire beaucoup plus court pour que les éléments qui devaient être mis sur la table puissent l’être de façon sereine".

Q : Il y a donc des cas qui demandent plus de réflexion ?
R : "Il y a des cas où clairement, la tactique employée est de compliquer l’affaire, ou parfois qui demandent des investigations supplémentaires. Dans certains cas, cela peut se justifier, mais dans d’autres, ce sont des tactiques dilatoires pures et simples".

Q : Plusieurs déplorent ce décalage entre le temps sportif et le temps juridique. Que peut-on faire ?
R : "Ce sera toujours un problème. Par la justice sportive, on tente de réduire au maximum ce décalage et le Tribunal arbitral du sport (TAS) parvient assez souvent à des délais raisonnables. C’est pour cela que dans l’intérêt du sport, il est très important de maintenir le système d’arbitrage tel qu’il est aujourd’hui. Parce que c’est le seul système, même s’il n’est pas parfait, qui permet d’arriver à avoir une décision dans des délais à peu près acceptables dans la majorité des affaires".

Q : Mais parfois les procédures prennent deux ans et excèdent au final la durée de suspension...
R : "Le code prévoit normalement que la sanction démarre au moment où la décision est prise, à moins qu’il y ait eu une suspension provisoire, qui est prise en compte. Ce n’est pas parce que la décision est rendue deux ans plus tard que l’athlète ne va pas subir une sanction. Par contre pour l’esprit sportif, pour la certitude des résultats, pour savoir l’ordre du podium, cela pose problème. Mais les athlètes qui veulent que leur cas soit réglé de manière rapide, cela peut se faire en quelques semaines. On a eu un bon exemple avec les nageurs brésiliens (dont le champion olympique du 50 m Cesar Cielo, NDLR). Tout le monde était d’accord pour une procédure accélérée. Quand les choses traînent, c’est quand même la plupart du temps parce qu’il y a une des parties qui n’a pas envie que cela aille vite".

Propos recueillis par Stéphanie PERTUISET

 


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