Contador àla barre

L’affaire du clenbuterol est enfin examiné par le Tribunal arbitral du Sport. (L’Equipe)

Un boucher d’Irun, un spécialiste américain du détecteur de mensonge et un bon paquet d’experts en dopage : le casting de témoins qui vont éclairer le cas Alberto Contador de lundi à jeudi à Lausanne devant les juges du tribunal arbitral du sport a été mûrement et longuement réfléchi. Depuis cette dernière journée de repos du Tour de France, le 21 juillet 2010, où des traces de clenbuterol (50 picogrammes) ont été décelées dans les urines du futur vainqueur, seize mois ont passé sans verdict définitif. Deux mois ont défilé avant l’officialisation du contrôle, sept mois avant que la Fédération espagnole décide d’un verdict (le blanchiment). Après une demande de report puis une stratégie d’accumulation de pièces produites au dossier, le camp Contador va pouvoir développer sa thèse exposée depuis le début : les traces de clenbuterol, un anabolisant utilisé comme produit vétérinaire, viennent de la consommation de viande contaminée.

Le clenbuterol, un problème de santé publique ?

En plus du détecteur de mensonge, les seize derniers mois ont aussi livré quelques cas qui augmentent la légitimité de la thèse de la contamination : l’affaire la plus spectaculaire est sans doute la détection de clenbuterol chez 109 jeunes footballeurs qui ont participé au Mondial des moins de 17 ans au Mexique. Il y a aussi le pongiste Dimitri Ovtcharov ou le vététiste Rudi Van Houts, blanchis après un contrôle positif. La nuance est que ces affaires concernent le Mexique ou la Chine, deux pays qui parlent d’un problème de santé publique face à l’usage de tels produits vétérinaires dans les élevages. En Europe, le clenbuterol est interdit, vont répéter devant le TAS le boucher d’Irun (celui qui a fourni le steak « contaminé » de Contador) et le président de l’association des bouchers espagnols. Après avoir envisagé de fixer un seuil toléré de clenbuterol, l’Agence mondiale antidopage a finalement choisi la tolérance zéro, contraignant cyclistes et nageurs à la vigilance lors de leurs voyages en Chine.

L’hypothèse de la transfusion

Face à la thèse de la contamination accidentelle, l’Agence mondiale antidopage qui a fait appel avec l’UCI de la décision de la Fédération espagnole pourrait avancer l’hypothèse d’une transfusion sanguine. L’Equipe avait ainsi révélé que le laboratoire de Cologne avait retrouvé des résidus plastiques semblables à ceux que l’on retrouve pour une transfusion sanguine. Reste à savoir quel crédit sera accordé à ce dépistage non officialisé. En cas de sanction, Alberto Contador risque une suspension et de perdre tous les résultats acquis depuis juillet 2010 : malgré l’affaire, l’Espagnol a aligné les courses et les victoires, 10 cette saison, du Tour de Murcie au Giro. Une condamnation dévisserait la statue du meilleur spécialiste actuel de courses par étapes. Elle troublerait en même temps l’image d’un sport dont tout le calendrier se retrouverait faussé a posteriori. C’est sûrement l’une des motivations de la stratégie du clan Contador qui a fait traîner la procédure. Il faudra d’ailleurs attendre encore plusieurs semaines pour connaître le verdict.

A. T.-C.