Cyclisme - Tour

Contador : « Pour Evans »

A la vue du parcours du Tour, les frères Schleck se préparent déjà à bosser le contre-la-montre et à changer de stratégie pour succéder à Cadel Evans, présenté comme le favori de l’édition 2012.

Eternel outsider, cantonné aux places d’honneur, Cadel Evans a gagné en juillet un Tour de France dont il n’était pas le favori. Tout devrait changer pour lui l’été prochain au départ de Liège. A peine le parcours dévoilé mardi, les prétendants au Maillot Jaune ont fait de l’Australien leur favori. « Ce n’est pas vraiment un parcours pour grimpeurs mais plutôt pour des coureurs complets ou spécialistes du contre-la-montre comme Cadel Evans », a estimé Alberto Contador (Saxo Bank). « Ce n’est pas l’idéal pour moi. On peut s’attendre à une course avec beaucoup de mouvements et d’attaques. Ce n’est pas une mauvaise chose mais j’attends de voir les étapes de montagne. On dirait qu’elles ne sont pas aussi spectaculaires que les autres années. » Déjà vainqueur d’un contre-la-montre à Annecy en 2009, le triple vainqueur du Tour n’était pas forcément le leader qui faisait le plus la grimace mardi midi.

Andy Schleck : « Je suis dans une structure où je travaille beaucoup le contre-la-montre et je progresse. Avec Johan (Bruyneel), c’est l’entourage idéal pour mon avenir »

La pression est clairement sur les épaules d’Andy et Frank Schleck. En 2010 comme en 2011, Andy a perdu ses dernières illusions dans le contre-la-montre individuel à la veille de l’arrivée. En 2012, les deux grimpeurs luxembourgeois devront se coltiner 96 km de chrono en solo. « C’est la première chose qui me frappe », reconnaît Frank. « J’ai été trois fois deuxième avec trois profils différents, assure le cadet de la fratrie. C’est sûr que j’aurais préféré plus de montagne et un contre-la-montre en moins. » Désormais intégrés à la nouvelle équipe RadioShack - Nissan, les Schleck ont deux stratégies pour rester optimistes. 1) l’entraînement spécifique en contre-la-montre : « Je suis dans une structure où je travaille beaucoup dans ce domaine et je progresse. Avec Johan (Bruyneel), c’est l’entourage idéal pour mon avenir », assure Andy. 2) l’attaque à tout-va dès que le terrain sera propice. « Dès le troisième jour, nous serons toujours en prise, constate Frank. Il y a moins d’arrivée au sommet mais plus de cols (25) que l’an passé. » « Il ne faudra jamais dormir. Cela me plaît », veut croire Andy.

Cadel Evans n’a pas eu besoin de feindre la satisfaction : « Sur le papier, 96 km de contre-la-montre cela me convient bien mais il faudra voir ce qui va passer sur la route en juillet. Je pense que je peux le gagner. Je peux faire quelque chose de correct », rigole l’Australien. « C’est plutôt bien pour lui d’avoir un chrono plutôt accidenté à Besançon, plutôt plat sur les routes de Paris-Tours », se félicite le manager de l’équipe BMC John Lelangue. Le Suisse devra néanmoins gérer une dream team où Philippe Gilbert se verrait bien gagner à Seraing (1re étape) et où Thor Hushovd devrait avoir quelques ambitions : « Ils seront là tous les deux pour les étapes côté classiques. » Handicapé plusieurs fois par les chutes, Evans sait qu’il aura bien avancé dans la défense de son titre s’il arrive à la première journée de repos sans retard sur ses rivaux ni bobos.

Avec six cols inédits au programme et l’accent mis sur les massifs intermédiaires, les leaders se préparent déjà à longs stages de reconnaissance : « L’année passée. Il nous a fallu cinq-six jours pour repérer les Pyrénées et les Alpes, indique Frank Schleck. Cette année, il nous faudra dix jours pour regarder les Vosges et les étapes qu’on ne connaît pas comme Peyragudes. Je ne sais pas comment cela se prononce. »

A. T.-C. pour

Le Maillot Jaune avec le Coq

Noah et Hinault présentent le futur Maillot Jaune. (EQ)

Yannick Noah et Bernard Hinault ont présenté officiellement mardi le prochain Maillot Jaune du Tour de France, désormais fourni par Le Coq Sportif. La marque française avait déjà habillé les vainqueurs de la Grande Boucle entre 1951 et 1988 et a récupéré le contrat à partir de 2012.

Voeckler : « Il y a de la place »

Quatrième et grand animateur du Tour 2011, Thomas Voeckler pourrait jouer le général en 2012 sur un parcours qui varie les plaisirs : « Pour le mec qui ne veut pas attendre le chrono, il y a de quoi faire. »

Thomas Voeckler très entouré lors de la présentation du Tour de France 2012.(EQ)

« Thomas Voeckler, dans le résumé du Tour 2011, on a revu les images de votre aventure en Jaune et votre colère après votre défaillance dans le Galibier. Comment l’avez-vous vécu ?
J’avais vu les images une fois ou deux rapidement. C’est vrai qu’il y a eu de l’émotion quand j’ai regardé le film qui faisait la rétrospective. Je ne suis pas quelqu’un qui regarde trop en arrière. Je n’irai pas chercher des images cet hiver devant la cheminée pour me dire ’’C’était bien.’’ Je serai plutôt à braver le froid pour aller m’entraîner et préparer la saison 2012.

Envisagez-vous de revivre des moments semblables ? Quelles seront vos ambitions pour le Tour 2012 ?
C’est difficile. C’était un peu imprévu, ce que j’ai réalisé en 2011. Je ne pensais pas être capable d’être dans les quatre premiers du Tour. On peut faire un beau Tour de France sans porter le Maillot Jaune. Je partirai avec plus de confiance. Après, ce serait présomptueux de ma part de viser un podium. En dix ans de carrière, je n’ai jamais fait dans les dix premiers d’un Grand Tour. Je reste mesuré mais motivé. Je vais tout faire pour faire le meilleur classement final. Je ne ferai pas de dépression si je ne suis pas dans les dix à Paris.

« Le parcours me plaît beaucoup en dehors du deuxième contre-la-montre. »

Quelle est votre impression d’ensemble sur le parcours ?
C’est toujours difficile de se faire une idée comme ça en cinq minutes mais le parcours est clairement varié, avec des étapes où il y aura des pièges à chaque fois. Cela annonce un beau suspense pour l’été prochain. Il y a de la place pour beaucoup de coureurs. Je ne sais pas comment je serai perçu. Je vais y aller avec de la motivation, en espérant être en très bonne forme physique.

Pourrez-vous toujours compter sur un bon de sortie des favoris ?
On verra bien. Cette année, je ne suis pas sûr qu’on m’ait ’’laissé’’ sortir. J’ai réussi à m’extirper. C’est vrai que je risque d’être plus marqué, de ne pas avoir la même liberté. Il faut s’adapter à tous les paramètres. Les parcours usants, j’aime bien cela. Pour le mec qui veut jouer le général sans attendre le chrono, il y a de quoi faire. Le parcours me plaît beaucoup en dehors du deuxième contre-la-montre.

Envisagez-vous de travailler davantage le contre-la-montre cet hiver ?
C’est vrai qu’il y a une grosse distance de contre-la-montre (96 km au total). Bien entendu, je vais travailler le contre-la-montre davantage que ces dernières années. Je ferais fausse route si je devais changer ma philosophie du vélo. J’aime le vélo en général et pas seulement le Tour de France. Je ne vais pas axer mon année en fonction du Tour parce qu’il y a deux contre-la-montre et faire une croix sur les autres compétitions. »

Recueilli par A. T.-C.