Chavanel : "Il me fallait ce titre àtout prix"

Sylvain Chavanel (Quick Step), sacré champion de France de cyclisme sur route dimanche, a affirmé qu’il lui fallait "à tout prix" ce titre qui "représente beaucoup" après avoir remporté trois fois celui du contre-la-montre (2005, 2006, 2008).

Q : Que représente ce maillot pour vous ?

R : "Ca représente beaucoup. C’est quelque chose qu’il me fallait à tout prix. Ce n’est pas ma dernière année de professionnel, mais je suis plus sur la fin qu’au début. C’était l’année ou jamais. C’était un beau circuit qui me convenait. J’ai bien préparé ça comme il faut avec des grands stages d’entraînement. C’est une grande fierté. J’avais tout avec moi. Je n’étais pas moi le plus marqué, c’était Thomas Voeckler. Ca m’a souri, c’est le plus important."


Q : Vous avez beaucoup attaqué...

R : "Je commençais à trouver le temps long à six tours de l’arrivée quand j’attaque la première fois fois. Tout le monde s’endormait et moi, j’ai du mal à rester dans un peloton. J’ai pris l’initiative d’attaquer, ça n’a pas très bien marché. Je me suis remis derrière et j’ai laissé faire les équipes qui avaient plus de coureurs, j’ai vu que ça faisait beaucoup de mal à tout le monde. Et j’ai relancé à trois tours de l’arrivée. C’était très difficile. Le dernier tour, j’ai puisé dans mes réserves."


Q : L’écart est même descendu à 35 secondes...

R : "Je n’ai pas paniqué. Trente secondes, ça paraît court mais on ne revient pas comme ça. Donc j’ai +enroulé le braquet+, j’ai laissé faire, de temps en temps j’ai accéléré un petit peu et l’écart remontait. Je maintenais, c’était le plus important. L’important, c’était de gérer mon effort parce que j’étais au fond de mes forces


Q : Votre échappée solitaire ne vous a-t-elle pas semblé longue ?

R : "Ca a été très long. Mais les victoires que je construis, c’est souvent seul. Je pense que j’ai fait un numéro aujourd’hui encore. J’étais dans un très bon jour aujourd’hui (dimanche). Le circuit s’y prêtait, c’était pratiquement 4.500 mètres de dénivelé (total), mais pas de forts pourcentage. C’était un tracé que j’appréciais : technique, avec un grande descente rapide avant l’arrivée. Et il y a deux beaux coureurs sur le podium. "


Q : Votre attaque était-elle prévue ?

R : "Non. Je ne pensais à rien. Hier (samedi), je n’avais pas l’impression d’être au Championnat. C’est ce qu’il y a de mieux pour faire abstraction de ce qui se passe autour. Au chrono (jeudi), j’ai fait 6e, ce n’était pas extraordinaire alors que j’étais habitué au podium. C’était un mal pour un bien. Je préfère que ça se passe dans ce sens-là parce que j’ai gagné trois fois le titre en chrono ! Il me fallait ce titre de la route."


Q : Est-ce une émotion plus forte que de porter le maillot jaune ?

R : "C’est complètement différent. Je réalise que je vais pouvoir le porter toute l’année. Je vais me faire faire un beau cuissard et un beau vélo !"


Q : Ce titre change-t-il vos ambitions sur le prochain Tour de France ?

R : "Ca ne va rien changer. Je vais me concentrer sur ce que j’ai à faire. Je veux m’amuser sur le Tour. Je m’éclate tous les ans alors pourquoi pas lever les bras avec ce maillot bleu-blanc-rouge ?"

C’est bon. Il le tient enfin son (beau) maillot de Champion de France. Il n’est pas encore floqué du logo de la Quick-Step ce pendant encore. Habitué à le porter pendant les chronos (2005, 2006, et 2008), Sylvain Chavanel aura la lourde tâche de le revêtir à chacune des courses en ligne auxquelles il prendra part. La prochaine ? Le Tour de France, rien que ça ! Auteur l’an passé d’un doublé (Spa, Station des Rousses), le coureur de la Quick Step voudrait bien réitérer cet exploit avec, de surcroît, la tunique tricolore sur les épaules ! Le souci c’est qu’il troquerait bien le « bleu-blanc-rouge » pour des petits pois rouges collés sur un fond blanc.
Mais le Tour ne durera que trois semaines. Il aura alors neufs autres mois (en excluant la période hivernale) pour exhiber sa superbe tenue sur les routes Belges (un succès dans le Tour des Flandres avec après sa deuxième place cette saison ?), Françaises (victoires d’étapes dans Paris-Nice), Espagnoles (bien figurer dans la Vuelta et/ou la Clasica San Sébastian, si il est présent) entres autres…

Hier après-midi, le plus âgé des frères Chavanel s’est brillement imposé à Boulogne-sur-Mer, sur un parcours des plus exigeants. Il a réalisé une grande prestation en repoussant le tenant du titre, et autre meilleur coureur Français des pelotons, Thomas Voeckler (Europcar) à quarante-deux secondes. Le favori du journaliste Patrick Chassé, Anthony Roux échoue à la seconde place. Il est arrivé sur la ligne trente-sept secondes trop tard. « Chava » a été le plus fort : « C’est un objectif fort de ma saison que j’ai accroché. J’ai tout donné. Je suis fier de ce que j’ai fait. Mon fils (Maxence, ndlr) ne réalise pas trop que je suis champion de France, moi non plus  ».
Retour sur cette 99ème édition du Championnat de France en ligne en quelques chiffres. Fans des stats, vous allez être servis.
1. C’est le premier titre décroché par Sylvain Chavanel sur la course en ligne des Championnats de France. Sa meilleure place dans cette épreuve était une quatrième place en 2004. Pendant que son ancien équipier et ami triomphait. Il s’agissait de… Thomas Voeckler.
2. C’est le deuxième podium en trois éditions pour Anthony Roux. Le coureur de la FDJ était déjà monté sur la « boîte » en 2009 lors du sacre de Dimitri Champion devant Anthony Geslin. Deuxième cette année, il avait terminé troisième il y a deux ans. Le titre se rapproche pour le lauréat d’une étape sur la Vuelta 2009.
3. Avant Sylvain Chavanel, ils n’étaient que trois à avoir réalisé l’exploit de s’imposer et dans la course en ligne et dans le contre-la-montre : Nicolas Vogondy (2008 en ligne ; 2010 chrono), Florent Brard (2006 en ligne ; 2001 chrono) et Eddy Seigneur (1995 en ligne ; 1996, 2002, 2003, 2004 chrono).
4. Le nombre de podiums pour Thomas Voeckler depuis sa médaille d’or obtenue en 2004 à Pont-du-Fossé. Deuxième deux ans plus tard, chez lui, en Vendée, sa terre d’adoption, il glane un second titre de Champion de France sur le même circuit à Chantonnay, l’an passé. A Boulogne-sur-Mer, il décroche donc sa quatrième breloque et a désormais tous les métaux possibles (or deux fois, argent et bronze une fois).

4. Quatre comme le nombre de secondes places de la FDJ dans les Championnats de France en ligne depuis son existance (la Française des Jeux en 1997, devenue FDJ.com à un moment). Damien Nazon avait ouvert la voie dès la saison de la création ont suivi Anthony Geslin en 2009, Christophe Le Mével l’an passé et Anthony Roux cette année. Trois deuxièmes places en trois éditions... Maudite FDJ
8. Dans la liste des dix derniers vainqueurs, ils sont huit à être passés par les équipes professionnelles (Bonjour, Brioches-la-Boulangère, Bouygues Télécom et/ou Europcar) de Jean-René Bernaudeau ou par le Vendée U, le groupe des espoirs. En réalité, au total, ils ne sont que six (deux ayant réalisé un doublé) : Sylvain Chavanel en 2011 (2000-2004), Thomas Voeckler en 2010 et 2004 (2001-2011), Dimitri Champion en 2009 (2007-2008), Nicolas Vogondy en 2008 et 2002 (2010), Pierrick Fédrigo en 2005 (2005-2010) et Didier Rous en 2003 (2000-2007).
25. Comme le nombre de kilomètres en solitaire de Sylvain Chavanel pour aller chercher le titre. C’est également à vingt-cinq bornes de l’arrivée qu’il a placé un violent démarrage le maillot tricolore en vue.
65. Seulement 65 coureurs ont bouclé les 234,5 kilomètres de cette édition 2011. Pour l’anecdote, le dernier s’appelle Alexandre Blain, de la formation Britannique Endura Racing. Blain est un ancien de la maison Codifis. Il est resté deux ans au sein de l’équipe Nordiste.
99. Cette année, c’était la 99e édition des Championnats de France. Pour la petite histoire, le premier porteur du maillot « bleu-blanc-rouge », en 1907, était Gustave Garrigou. Il avait d’ailleurs cette année là terminé deuxième du Tour de France. L’an prochain, la course au maillot tricolore fêtera donc son centenaire et se déroulera en Vendée, d’après certaines rumeurs.
102. Comme le nombre d’abandons dénombrés hier à l’arrivée. Pierrick Fédrigo (FDJ), qui est « au fond du trou » (déclaration faite au journal Sud Ouest) a mis pied à terre comme des coureurs qui vont eux prendre le départ du Tour samedi prochain, à contrario du Champion de France 2005, ici même à Boulogne-sur-Mer. Son équipier Sandy Casar figure dans la liste mais on peut y avoir aussi les deux frères Feillu (Romain et Brice, absent sur le TDF), David Moncoutié, Blel Kadri, Samuel Dumoulin et Rémy Di Grégorio.
Article réalisé par Nicolas Gréno l Images  : AFP